« Un conte c'est une boule sans marque, comme un œuf d'oiseau, comme une graine de fleur de pré. S'il est bon, il doit pouvoir rouler et venir n'importe où »
Henri Pourrat le Trésor des Contes
DECLARATION D’INTENTION
Rédigée en 2005 par Myriam Pellicane et Didier Kowarsky avec la complicité d'Eric Premel
Nous sommes conteurs, affabulateurs, musiciens et autres artistes de la scène, techniciens,
explorateurs, contemplatifs, baroudeurs... un clan ouvert vibrant de parole et de musique.
IZIDORIA est pour nous une entite, pas un moule, ni un systeme, plutot un phénomène, un
processus, sans cesse remis en cause et en perpétuelle évolution.
Avec IZIDORIA, nous aiguisons nos sens, nous redefnissons la realite, inlassablement.
IZIDORIA est pour nous une vallée, un réceptacle, c'est une femme. Amazone, anticonformiste, combattante et féconde, accueillante et délicate. Elle réunit une tribu de
bavards, qu'elle loge dans la maison du silence, celui qui nous met au monde, qui change nos
perceptions.
Légendes urbaines, gestes des bons quartiers, mangas, font varier les couleurs des mythes
anciens. Les croyances incorrectes, les utopies de conquete, de magie et de pouvoir sont
bousculées. Les imageries populaires sont imprégnées de complexités technologiques, de
mégapoles, de science, d'arts martiaux, de héros devenus héroïnes, anti-heros, abstractions.
A nous de continuer ce voyage de retour pour rejoindre le futur.
Le conte est un provocateur de métissage, de circulation d'images, de sons et de techniques
du mouvement. Mélange de langages, de rituels, invention. Nos investigations nous amènent
a depecer la tradition, pour donner d'autres energies aux histoires.
Souvenirs, visions, des iles aux archipels innombrables peuplent nos memoires, elles sont nos
terres nouvelles, notre héritage. L’oralité contemporaine nous ouvrent des espaces collectifs
et provisoires sur l'air zapatiste : « rien pour nous et tout pour tous ».
Multiforme, inconnu, composite, avec, contre, indifférent, déçu, joyeux, impatient, le public dessine la scène. Quels que soient nos manques et nos prétentions, l'attention constitue l'équipement essentiel de notre commando désarmé, déterminé à la rencontre.
La scène nous déshabille, nous dévisage. Les histoires s'y racontent avec le flegme furieux d'un guitariste électrique, par le gazouillement débridé d'une chanteuse ou la rectitude d'un cavalier mongol. Nous cherchons à porter témoignage, énumérer, questionner par nécessité ; bousculer la vie, y mettre de l'ordre, par hasard.
Enflammer les pépites de lumières qui craquent et dansent aux fond des ventres, plonger dans l'ombre, faire de l'ombre. Eclairer imperceptiblement les chemins où l'on part errer ensemble, vigilants et désinvoltes, livrés au troublant mystère. Nous allons là où grouille le monde, où il se perd, où s'exercent les perversions : où résident les temps morts, où l'on consomme, où l'on se consume.
Nous nous aventurons là, où gronde la peur, le grand ennui, le grand rire et la petite merveille.
Nous sommes en scène sans adversaire, sans méthode : « comme un jeu sans importance auquel on jouerait sérieusement » (Bruce Lee).
Alors que se passe t-il ? Allez savoir. Comme l'eau tranquille qui progresse sur un plafond; quand la goutte tombe, l'aventure commence.